On entre dans la galerie de Richard Rogers au Château La Coste comme dans une machine à regarder pointée vers les ruines d’un oppidum. Un geste tendu vers la colline. La galerie prend forme autour d’un vide aussi instantanément dynamique que la colline qui lui fait face est immobile, occupée en creux par ses vestiges.

Pour l’exposition Battle Fatigue, le groupe de recherche La Méditerranée propose l’architecture d’un vide.

L’unité de vide primordial se désignait dans le Japon ancien par le Shiro, un espace délimité par une corde tendue entre quatre points, geste préalable à tout bâti. 
Le vide ainsi figuré, disponible, garantissait aux kami, la myriade de dieux, de pouvoir le trouver et y pénétrer.
Alors qu’en Occident le bâtiment absent n’existe que dans sa ruine, il en va autrement des édifices japonais. Le sanctuaire d’Ise, le plus important du shintoïsme, est détruit et reconstruit à l’identique tous les vingt ans. C’est un rituel immuable, architecture impermanente dont l’existence se déplace périodiquement d’un espace vide à un autre, d’un Shiro à un autre. 

Le projet du groupe de recherche La Méditerranée, fondé en 2020 par Ulysse Geissler, Mateo Revillo et Edgar Sarin est de définir une heuristique de l’exposition. D’une part en envisageant l’exposition dans sa spatialité et sa temporalité comme un espace actif, en convoquant l’improvisation et révoquant le principe thématique. D’autre part en s’astreignant à bâtir, au fil des expositions, les contours d’un village dispersé. Chaque fragment s’ajoutant aux précédents avec pour ambition de former un ensemble viable et faire société. 

Les modes et architectures du vide axent à l’exposition Battle Fatigue, au sein de laquelle sont présentées les œuvres de six artistes internationaux.